Temoignage de 1973
Le magazine «Le Chasseur Français" de décembre 1973, consacrait étonnamment un article au Berger d'Anatolie. A cette époque, la race était totalement inconnue en France, et l'auteur du reportage, le Dr Raymond Fiasson, faisait partager sa surprise et sa curiosité à ses lecteurs. Quelques extraits.
"Les lecteurs du Chasseur Français qui, durant leurs vacances,
se sont aventurés jusque sur le plateau morne et désolé
de l'Anatolie Centrale ont sûrement remarqué les splendides
chiens qui accompagnent les troupeaux de moutons.
Leur taille élevée, leurs oreilles coupées à
ras, souvent un collier de fer aux longues pointes d'acier autour du cou,
leur donnent un aspect redoutable. (…)
Ce chien est connu localement sous le nom de "Coban Köpek"
(chien de berger), ou "Karabas" (tête noire) (…).
Cette race n'est signalée dans aucun ouvrage concernant les chiens.
Lorsque j'accompagnai mon confrère le Dr Fernand Méry, spécialiste
canin mondialement connu, ancien président de l'Académie Vétérinaire,
invité par le gouvernement turc, il me manifesta sa surprise et son
intérêt pour cette race qu'il ignorait. (…)
Actuellement, c'est dans la province de Konya en Anatolie centrale et dans
celles de Kars et d'Erzurum, en Anatolie Orientale, que l'on trouve les
plus beaux spécimens de la race. Leur fonction est de protéger
le troupeau contre les attaques des loups. C'est pour cela que les bergers
leur fixent autour du cou ce redoutable collier de fer à longues
pointes.
Dans la lutte contre un seul fauve, le chien est généralement
vainqueur. Il est plus lourd, plus étoffé, mieux protégé
que le loup par son collier et ses oreilles coupées. (…)
Dans le Kurdistan turc, à l'Est, en hiver, lorsque les troupeaux
sont rentrés dans les habitations pour y maintenir une température
supportable pour les humains, les molosses montent la garde sur les toits
de terre qui ressemblent de loin à des taupinières. Ils regardent
en grondant s'approcher l'étranger ; nul d'ailleurs ne s'aventure
dans un village kurde sans s'arrêter à quelques centaines de
mètres et appeler. (…)
Actuellement, aucun effort n'est tenté, pas même dans les haras
dirigés par des vétérinaires, pour maintenir la pureté
de cette race exceptionnelle, ni pour en améliorer les qualités
particulières. (…) C'est fort regrettable, et il est à
craindre que cette belle race disparaisse rapidement."
Dr Raymond Fiasson